En 2015, plus de 117 millions de boîtes de benzodiazépines ont été vendues en France. Principalement utilisées dans le traitement des troubles de l’anxiété et du sommeil, leur consommation est particulièrement importante chez les Français, même si un récent rapport de l’Agence Nationale du Médicament et des produits de santé (ANSM) montre une tendance à la baisse depuis quelques années.
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Anxiété, sommeil et benzodiazépines
Actuellement, 19 substances appartenant à la classe médicamenteuse des benzodiazépines sont commercialisées en France, avec des indications thérapeutiques différentes :
- Principalement, l’anxiété et les troubles associés ;
- Les troubles sévères du sommeil ;
- Les convulsions et l’épilepsie ;
- L’anesthésie uniquement dans certains cas particuliers.
Les benzodiazépines agissent directement au niveau du système nerveux central et sont toutes plus ou moins hypnotiques (somnifères), anxiolytiques (contre l’anxiété), myorelaxantes (relaxantes musculaires) et anticonvulsivantes (contre les convulsions).
Outre leur intérêt thérapeutique, les benzodiazépines sont susceptibles d’avoir des conséquences néfastes sur la santé, notamment :
- Des affections psychiatriques ;
- Une altération importante des capacités de conduite automobile, avec une augmentation de 60 à 80 % du risque d’accident ;
- Un risque de chute en particulier chez les personnes âgées ;
- Une dépendance physique et mentale ;
- Un syndrome de sevrage à l’arrêt du traitement.
En conséquence, les recommandations des autorités de santé stipulent que les benzodiazépines doivent être prescrites uniquement sur de courtes durées, au maximum pendant 12 semaines. En fin de traitement, une diminution progressive de la posologie doit être instaurée pour limiter le syndrome de sevrage.
A noter ! Les benzodiazépines sont déconseillées au cours de la grossesse, quelle que soit leur indication et le terme de la grossesse, en raison des effets néfastes potentiels sur le fœtus.
La France : second pays le plus consommateur en Europe
Depuis leur commercialisation, la France se classe dans les pays européens les plus consommateurs de benzodiazépines, au second rang derrière l’Espagne. En 2010, un premier rapport de l’ANSM s’était penché sur l’évolution de la consommation de ces médicaments depuis 2000. Malgré une tendance à la baisse, les résultats avaient montré qu’un Français sur 5 prenait chaque année des benzodiazépines, avec des traitements de longue durée pour un nombre élevé d’entre eux. Ainsi, certains patients suivaient des traitements sur plusieurs années, sans aucune interruption, ce qui montre un non-respect des règles de prescription.
Entre 2010 et 2012, la consommation était légèrement repartie à la hausse, avec trois substances particulièrement prescrites : l’alprazolam et le bromazépam contre l’anxiété, le zolpidem contre les troubles du sommeil. Qu’en est-il depuis 2012 ?
Un nouveau rapport de l’ANSM relate la consommation de benzodiazépines de 2012 à 2015. L’évolution générale à la baisse, initiée depuis les années 2000, semble se confirmer. En trois ans, les prescriptions ont baissé de 10 %, particulièrement au cours de l’année 2015. Pourtant, le nombre de patients concernés reste élevé : 13,4% de la population a consommé l’un de ces médicaments au moins une fois dans l’année, très majoritairement pour lutter contre l’anxiété.
La baisse observée est plus nette dans le cas des benzodiazépines hypnotiques (contre les troubles du sommeil) que dans le cas des benzodiazépines anxiolytiques (contre l’anxiété). Cette observation peut être expliquée par une réglementation plus stricte dans le cas des médicaments hypnotiques.
Une consommation principalement féminine
Qui consomme des benzodiazépines ? Les femmes s’avèrent les plus consommatrices, puisque 16,6 % d’entre elles en prennent contre 9,7 % des hommes. Cette différence en fonction du sexe s’accentue avec l’âge, puisque 38,3 % des femmes âgées de plus de 80 ans sont traitées par des benzodiazépines. Par ailleurs, 40 % des patients prennent également au moins un autre médicament psychoactif, généralement un antidépresseur.
Les nouveaux traitements initiés concernent des patients plus jeunes, avec des durées de prescription non conformes aux recommandations dans près de 15 % des cas. Pourtant, depuis plusieurs années, les autorités sanitaires incitent les professionnels de santé à améliorer l’usage de ces médicaments.
La consommation de benzodiazépines en France en 2015 est la plus faible observée depuis 2000, mais encore trop de Français prennent ces médicaments et ce sur de longues périodes. La mobilisation des professionnels de santé sur ce problème de santé publique doit se poursuivre, et une meilleure information des patients sur les risques liés à ces médicaments doit également être mise en place. Utilisées à bon escient, les benzodiazépines restent des traitements indispensables contre les troubles de l’anxiété.
Estelle B. / Docteur en Pharmacie