De l’anxiété maternelle au développement de l’enfant

L’anxiété ou la dépression maternelle peuvent-elles avoir des conséquences directes sur le développement psychologique de l’enfant après la naissance ? Récemment, des chercheurs ont compilé l’ensemble des données existantes sur cette question dans une vaste revue de littérature. Les résultats viennent d’être publiés dans la revue scientifique JAMA Pediatry.

Les conséquences de la dépression et de l’anxiété maternelle

De nombreuses femmes enceintes ou jeunes mères présentent des troubles anxieux et/ou dépressifs. Au-delà des conséquences pour la santé physique et mentale de la mère, quelles sont les conséquences de ces troubles sur le développement de l’enfant ? Pour répondre à cette question, des chercheurs viennent de mener une revue de littérature et une méta-analyse.

Pour cette étude, ils ont compilé les données de 191 publications, publiées jusqu’en mars 2020, majoritairement anglo-saxonnes et portant sur 195 751 mères et leur enfant. Parmi ces études :

• 123 concernaient des jeunes mères souffrant de dépression maternelle ;
• 27 concernaient des études sur les troubles anxieux ;
• 41 portaient à la fois sur l’anxiété et la dépression.

Un impact négatif sur le développement de l’enfant

L’analyse des données a révélé que la dépression et/ou l’anxiété chez la mère pouvait avoir un impact négatif significatif sur le développement de l’enfant, à plusieurs niveaux :

• Socio-affectif ;
• Cognitif ;
• Adaptatif ;
• Moteur ;
• Langagier.

Cette association entre les troubles anxio-dépressifs maternels et le développement de l’enfant était plus ou moins forte selon les aspects du développement pris en considération. L’impact pouvait se révéler significatif jusqu’aux 18 ans de l’enfant.

Diagnostiquer et prendre en charge la mère pour préserver la santé de l’enfant

Par ailleurs, lorsque la dépression et l’anxiété sont combinées chez la mère, les conséquences pour l’enfant étaient observées de manière constante de la naissance jusqu’à l’adolescence, à plusieurs niveaux :

• Le développement socio-affectif ;
• Les capacités d’intériorisation et d’extériorisation ;
• L’émotivité de l’enfant.

L’impact était encore plus important sur le développement cognitif et le langage. Enfin, des difficultés d’attachement de l’enfant semblaient associées plus spécifiquement à la dépression post-natale (ou dépression du post-partum). Ainsi, la santé mentale de la mère semble conditionner le développement psychologique et moteur de l’enfant, parfois jusqu’à l’adolescence. Un tel lien démontre l’importance de diagnostiquer des troubles anxieux et/ou dépressifs chez les jeunes mères, pour les prendre en charge avant qu’ils ne se répercutent sur la santé de leur enfant !

Estelle B., Docteur en Pharmacie