L’anxiété chronique est un trouble qui nécessite d’en identifier les mécanismes sous-jacents afin de mieux comprendre pourquoi les femmes y sont particulièrement sujettes. Une récente étude américaine menée sur modèle animal met le sujet sur la table en suggérant que le genre pourrait avoir une influence sur les troubles anxieux.
Troubles anxieux : prédominants chez les femmes
L’anxiété, qu’on appelle fréquemment « angoisse », désigne une réaction excessive mais passagère à une situation que la personne ressent comme un danger ou une menace. Un sentiment diffus d’appréhension et inquiétude s’empare d’elle et elle se trouve alors en proie à des symptômes psychologiques (fatigue, irritabilité, incapacité à contrôler certaines situations) et des symptômes physiques (palpitations cardiaques, sensation d’étouffement, sueurs, bouffées de chaleur, sensation de boule dans la gorge ou dans l’estomac, insomnies, etc.).
Lorsque la personne ressent une anxiété chronique, on parle de troubles anxieux. Cet état se répète, dure dans le temps, survient sans lien avec un danger véritable ou crée une souffrance telle qu’elle perturbe durablement sa vie quotidienne.
À savoir ! Les troubles anxieux se manifestent de façon différente selon les personnes et sont regroupés en diverses maladies.
Le rôle des facteurs sociaux et culturels n’est pas à négliger dans le développement de l’anxiété. Néanmoins, la pandémie inédite de Covid-19 a certainement elle-même grandement influencé l’anxiété des populations. Télétravail, école à la maison, isolement, ont représenté autant de nouveaux challenges auxquels il a fallu faire face. Mais si les troubles anxieux peuvent apparaître à tous les âges de la vie, ce sont surtout les jeunes adultes (de 25 à 44 ans) qui sont concernés. Et en particulier les femmes qui sont deux fois plus touchées que les hommes.
Dans ce contexte, des chercheurs de l’Indiana University School of Medicine ont récemment souhaité examiner l’impact des facteurs biologiques sur les troubles anxieux, en particulier chez les femmes.
Décrypter les comportements animaux liés à l’anxiété
Pour mener à bien leurs recherches, les scientifiques ont étudié des modèles de rongeurs mâles et femelles. L’objectif de cette étude consistait à mieux comprendre les différences sexuelles dans les réponses biologiques animales liées à l’anxiété.
À savoir ! Alors que l’anxiété chez l’être humain est complexe, chez les animaux, elle dépend uniquement de la biologie.
Les chercheurs ont ainsi découvert que les rats mâles et femelles présentaient des réponses très différentes à l’anxiété liée aux aspects les plus importants de la vie. Par exemple, dans l’une des tâches comportementales imaginées par les chercheurs, les rongeurs devaient saisir des boulettes de nourriture se trouvant au centre d’une arène brillamment éclairée. Or, il faut savoir que les rongeurs n’aiment pas la lumière. Cette luminosité a donc créé chez eux un conflit anxieux. Les scientifiques ont alors observé que ce sont les rats femelles qui ont mis plus de temps à toucher la nourriture et ont mangé moins de nourriture que les rats mâles.
Les chercheurs ont par ailleurs administré aux rats un médicament utilisé pour traiter l’anxiété : le diazépam. Ils ont constaté que ce médicament a pu réduire de façon considérable l’anxiété chez les rats femelles, mais n’a eu en revanche que peu d’effet chez les rats mâles lors de l’interaction avec la nourriture.
D’autres mises en situation de rongeurs ont quant à elles montré des similitudes entre les rats mâles et les femelles, mais seules les parties de la tâche qui étaient les plus pertinentes pour la vie des rongeurs (la nourriture) présentaient des différences entre les sexes.
Ces observations viennent corroborer les résultats d’études antérieures ayant montré que les rats femelles présentaient de meilleures réponses à l’urine d’un prédateur et avaient une plus grande anxiété en présence d’un deuxième rat qui était libre de ses mouvements.
Troubles anxieux : vers une meilleure compréhension de l’anxiété humaine
Publiés dans le journal Psychopharmacology, ces comportements de rongeurs associés à l’anxiété soutiennent la thèse selon laquelle l’anxiété féminine s’intensifierait dans certaines conditions spécifiques relevant de la vie.
Pour l’auteur principal de l’étude, savoir que l’anxiété peut se manifester par des préoccupations différentes chez les hommes et les femmes, constitue un élément important à prendre en compte dans la recherche traitements plus efficaces, personnalisés et basés sur les différences de sexe.
Les résultats de cette étude constituent donc une base de travail pour de prochaines investigations sur les comportements liés à l’anxiété. Car si les facteurs biologiques semblent jouer un rôle important dans les troubles anxieux, il reste encore difficile de démêler précisément les mécanismes à l’origine de l’anxiété chez l’Homme.
Déborah L., Docteur en Pharmacie
– Comprendre les troubles anxieux de l’adulte. ameli.fr. Consulté le 26 juillet 2021.