Un ancien adage bien connu affirme que la musique adoucit les mœurs. Les bienfaits de la musique sont d’ailleurs reconnus depuis une trentaine d’années par le monde scientifique. En cette période inédite d’épidémie mondiale, la musique pourrait-elle jouer un rôle dans la réduction de l’anxiété ? C’est ce qu’ont cherché à savoir des scientifiques québécois en étudiant les bienfaits de la musique.
Les bienfaits de la musique sur le corps et l’esprit
Tout bébé en proie au chagrin a déjà expérimenté les bienfaits apaisants et réconfortants d’une douce mélodie chantée par sa maman. C’est dire que la musique recèle en elle une certaine magie.
Observé depuis des siècles, ce pouvoir de la musique est reconnu depuis une trentaine d’années par le monde scientifique. Il est désormais confirmé par des données scientifiques solides. Deux grandes méta-analyses néerlandaises parues dans le Health Psychology Review ont révélé les effets physiologiques et psychologiques de la musique sur le stress. Et les résultats sur le corps et l’esprit, jugés significatifs, ne sont pas négligeables : le rythme cardiaque et la pression artérielle diminuent, le taux de l’hormone du stress (cortisol) dans la salive baisse, le sentiment d’anxiété se dissipe etc.
Dès lors, il semble légitime de se demander si en cette période inédite d’épidémie mondiale, la musique pourrait jouer un rôle dans la réduction de l’anxiété ? C’est ce qu’ont cherché à savoir des scientifiques québécois à travers une étude relative aux habitudes d’écoute de la population.
Quelles habitudes musicales en période de pandémie ?
C’est Marie-Andrée Richard, doctorante en neuroscience cognitive à l’université de Montréal au Québec, qui a pris l’initiative d’une telle étude : « L’idée m’est venue dans les premiers jours de la crise. Je voyais à quel point la musique occupait une place importante dans nos vies. On a déjà observé les bienfaits de la musique sur la résilience (…) Par contre, les habitudes musicales et leurs effets en temps de crise sanitaire n’ont pas été explorés. C’est quelque chose de nouveau, d’inconnu. »
La scientifique a donc entrepris de décortiquer la « trame sonore pandémique » de 5 000 participants à travers le monde. Quel est le type de musique écoutée selon le sexe, l’âge ou encore le lieu d’habitation ? Dans quel contexte ? L’objectif de cette étude consistait ainsi à établir un portrait-robot des bienfaits liés à l’écoute de la musique sur les émotions et le stress.
La musique comme réconfort
Les premières données de cette analyse semblent indiquer qu’en période de crise, la musique pourrait jouer un rôle réconfortant. Si les auteurs de cette étude ne remettent pas en cause le bien fondé de la médication en cas de troubles anxieux, ils pensent néanmoins que la musique pourrait constituer un outil intéressant. Tout en sachant que ses bienfaits sont variables d’un individu à l’autre.
Pour Isabelle Peretz, codirectrice de l’étude et fondatrice du Laboratoire international de recherche sur le cerveau, la musique et le son (BRAMS) : « On utilise la musique comme source d’automédication. Si vous avez besoin de réconfort, vous allez écouter de la musique relaxante. Si vous avez besoin d’énergie, vous allez écouter de la musique stimulante. »
Un rapport de la plateforme Spotify a d’ailleurs décrypté les tendances d’écoute musicale au Canada et dans le monde. Si le mois d’avril 2020, marqué par le confinement, a fait la part belle aux chansons plus tristes et mélancoliques, le nombre d’écoutes de chansons des années 1950, 60, 70 et 80 a littéralement bondi pendant la crise. Ce phénomène pourrait s’expliquer par le fait qu’une musique familière et que l’on apprécie procure un sentiment de sécurité qui amplifie les émotions positives et accélère la production de dopamine (hormone du bonheur).
À savoir ! Selon certains spécialistes, la musique mélancolique procurerait un sentiment d’apaisement grâce à la prolactine, une hormone présente en grande quantité dans les larmes.
Pour Nathalie Gosselin, neuropsychologue et codirectrice de l’étude : « Pendant la COVID-19, il y a des hauts et des bas. Et la musique peut agir comme un baume.»
A quand donc la musicothérapie avec des prescriptions de chansons ?
Déborah L., Docteur en Pharmacie
– La musique, médicament en vente libre. lapresse.ca. Consulté le 26 août 2021.