Confronté à l’expérience prochaine d’une chirurgie, l’enfant peut développer une inquiétude bien légitime. Séparation d’avec les parents, peur de la douleur, de l’inconnu… sont autant de situations angoissantes pour les plus jeunes. Or, l’anxiété préopératoire augmente les risques de complications après la chirurgie. D’où l’intérêt de la repérer, et de l’évaluer.
Repérer l’anxiété préopératoire de l’enfant
L’anxiété préopératoire se définit comme le malaise physique et psychologique ressenti par l’enfant avant une opération. Faible, elle est une réponse adaptée face à une situation stressante. Plus forte, l’enfant est débordé par ses émotions. Cette anxiété est liée à l’anticipation d’une situation inconnue où l’enfant va se trouver séparer de ses proches. Sans compter qu’il a peut-être déjà fait l’expérience de la douleur lors de soins précédents à l’hôpital.
Ce malaise préopératoire est associé à des conséquences post-opératoires comme une douleur plus vive ou des troubles comportementaux au réveil.
L’anxiété préopératoire concerne 40 à 60 % des enfants en attente de chirurgie. Les causes varient selon l’âge :
- De 1 à 3 ans, c’est surtout la séparation d’avec les parents qui va engendrer l’anxiété ;
- De 4 à 6 ans, la peur de l’inconnu s’intensifie, les enfants veulent des explications ;
- De 7 à 12 ans, ils veulent comprendre et sont en recherche d’informations. Ils commencent à vouloir être associés aux décisions médicales les concernant ;
- Les adolescents sont pudiques et craignent pour leur intimité.
Calmer l’anxiété préopératoire, mais aussi optimiser la prise en charge pré et post-opératoire est indispensable ; une expérience traumatisante dans le jeune âge peut déboucher sur une véritable phobie des soins.
La prévention de cette anxiété peut passer par les médicaments (anxiolytiques), diverses approches psychologiques ou la présence des parents. Les plus jeunes bénéficieront de techniques dites de distraction comme la présence de clowns à l’hôpital.
A savoir ! L’anxiété des enfants est souvent corrélée à celle des parents ! Les études ont démontré que la présence d’un parent au moment de l’anesthésie n’était bénéfique que si celui-ci n’était pas anxieux…
Evaluer l’anxiété préopératoire de l’enfant
Repérer l’anxiété préopératoire, c’est bien… l’évaluer, c’est encore mieux. Seule l’évaluation permet d’avoir une réponse thérapeutique adaptée. Or peu d’outils sont à la disposition des équipes soignantes pour quantifier ce stress.
Des chercheurs de l’hôpital parisien pour enfants Robert Debré se sont penchés sur l’intérêt d’une échelle visuelle, comparables à celles utilisées dans l’évaluation de la douleur, pour analyser l’anxiété des enfants allant être opérer.
207 enfants de 8 à 18 ans ont été recrutés pour cette étude. Dans les jours précédents la chirurgie, il devait quantifier leur anxiété grâce à une échelle visuelle de visages ; le visage souriant signifiant « pas d’anxiété », le visage en pleurs désignant une anxiété maximum. Ils devaient également notifier leur degré d’anxiété habituel à l’aide de cette échelle.
Parallèlement, les enfants répondaient à un questionnaire sur leur anxiété lors de la consultation avec l’anesthésiste.
30 % des enfants présentaient une anxiété préopératoire. La corrélation entre le questionnaire et l’échelle de visages a été satisfaisante, prouvant que ce moyen simple est un bon évaluateur du stress avant la chirurgie chez les plus jeunes.
Cet outil se révèle donc une aide précieuse pour les soignants, afin d’évaluer et de traiter au mieux l’anxiété préopératoire de l’enfant et de l’adolescent.
Isabelle V., Journaliste scientifique.