Chaque année, environ 15 % de la population adulte française présente au moins un épisode d’anxiété. Les causes des troubles anxieux sont multiples. Récemment, des chercheurs ont mis en évidence que l’inflammation de la thyroïde pourrait être impliquée dans le développement de l’anxiété. Des résultats présentés lors du dernier Congrès de la Société Européenne d’Endocrinologie.
Anxiété et système endocrinien
Dans les troubles anxieux, la forme la plus sévère est le trouble anxieux généralisé dont les symptômes altèrent considérablement la qualité de vie :
- Une anxiété profonde ;
- Des troubles du sommeil ;
- Des tensions musculaires ;
- Une irritabilité ;
- Des pathologies liées à l’anxiété.
Jusque-là, les recherches menées sur les causes et les mécanismes des troubles anxieux s’étaient principalement orientées vers le système nerveux. Peu d’études s’étaient intéressées au rôle potentiel du système endocrinien (système de production et de sécrétion des hormones) sur le développement de l’anxiété.
L’inflammation de la thyroïde impliquée dans l’anxiété
Récemment, des chercheurs tchèques ont mené une étude qui suggère l’implication des glandes thyroïdiennes dans le développement de l’anxiété. Au total, 29 hommes et 27 femmes âgées d’une trentaine d’années ont été recrutés pour cette étude. Tous étaient atteints de troubles anxieux généralisés. Les chercheurs ont évalué leur fonction thyroïdienne, l’une des composantes essentielles du système endocrinien, à travers plusieurs examens :
- Une échographie des glandes thyroïdiennes ;
- Un dosage sanguin des hormones thyroïdiennes ;
- La recherche d’anticorps dirigés contre la thyroïde.
Les résultats des analyses ont révélé que tous les patients anxieux présentaient des signes d’inflammation au niveau des glandes thyroïdiennes. Les niveaux d’hormones thyroïdiennes étaient légèrement élevés, mais restaient dans la fourchette des valeurs normales. Enfin, les sujets anxieux présentaient des anticorps dirigés contre la thyroïde. De tels résultats semblent indiquer que la fonction thyroïdienne serait impliquée dans le développement de l’anxiété.
Evaluer la fonction thyroïdienne lors du diagnostic d’anxiété
Pour aller plus loin, les chercheurs ont administré aux participants un traitement de deux semaines associant un anti-inflammatoire non stéroïdien et une hormone thyroïdienne utilisée dans le traitement des troubles thyroïdiens. A l’issue du traitement, l’inflammation de la thyroïde et les niveaux d’anxiété étaient significativement réduits.
Des études complémentaires sont désormais nécessaires pour évaluer l’effet global du système endocrinien sur l’anxiété, en particulier l’influence des hormones sexuelles et des glandes surrénales. Ces premiers résultats révèlent d’ores et déjà le rôle de l’inflammation thyroïdienne sur les troubles anxieux. La fonction thyroïdienne devrait, selon les auteurs, être systématiquement évaluée lors du diagnostic et du suivi des patients anxieux. La stratégie thérapeutique devrait alors prendre en compte les éventuelles perturbations des glandes thyroïdiennes.
Estelle B., Docteur en Pharmacie
– Présentation du Dr Juliya Onofriichuk. Congrès virtuel de la Société européenne d’endocrinologie. République Tchèque. Consulté le 22 septembre2020.