Après la Covid-19, une hausse des hikikomori ?

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Rédigé par Estelle B. et publié le 26 juin 2020

Suite aux mesures de confinement instaurées un peu partout dans le monde, une proportion non négligeable de la population rencontre des difficultés à reprendre une vie sociale. Pour certains, que l’on appelle des hikikomori, ce retrait social peut aller jusqu’à un état d’isolement social extrême sévère et prolongé. Explications.

Femme qui a peur de sortir de chez elle face à l'épidémie de covid-19

Qui sont les hikikomori ?

Certains spécialistes lancent une alerte sur l’augmentation importante des troubles anxieux et dépressifs depuis le début de l’épidémie de Covid-19. Le confinement puis le déconfinement provoquent de profonds bouleversements dans la santé psychique de nombreuses personnes. Se développent notamment des formes d’agoraphobie.

Pour certaines personnes, l’isolement social est tel que les experts les qualifient d’hikikomori. Mais qui sont les hikikomori ? Ce terme est né dans les années 1990 au Japon et décrit un état d’isolement social extrême, sévère et prolongé, chez des adolescents et de jeunes adultes. Depuis, des hikikomori ont été retrouvés dans le monde entier et seraient même plus nombreux que les spécialistes ne le pensaient.

Un repli social poussé à l’extrême

Progressivement, les psychiatres ont mis en évidence que les hikikomori peuvent toucher toutes les catégories de populations, et pas seulement des jeunes :

  • Les adolescents ;
  • Les adultes, et en particulier des femmes au foyer ;
  • Les personnes âgées, notamment les personnes âgées isolées ;

D’une manière générale, plusieurs critères permettent de diagnostiquer le repli social pathologique caractéristique des hikikomori :

  • Un confinement continu à son domicile, sur une période minimale de 6 mois ;
  • Une déficience ou une détresse fonctionnelle importante ;
  • Une association fréquente avec d’autres troubles psychiatriques.

Les spécialistes prennent également en compte des stades de sévérité, en fonction du nombre de sorties du domicile sur une période de temps donnée.

Une réaction possible à la pandémie de Covid-19

Le confinement imposé à la population pourrait être à l’origine d’un repli social chez certaines personnes, peut-être prédisposées à devenir des hikikomori. Jusque-là largement méconnus en France, les hikikomori pourraient être en augmentation depuis le début du déconfinement. A ce stade, aucune statistique n’est disponible pour évaluer leur nombre, avant et depuis le début de l’épidémie.

Le déconfinement, la peur d’une seconde vague épidémique, les contraintes liées aux gestes barrières, la crainte de se confronter aux difficultés de la vie quotidienne représentent autant de causes possibles pour expliquer la multiplication des hikikomori depuis quelques semaines ou mois. Le repérage de ces personnes, par un professionnel de santé ou par leurs proches, est capital pour qu’une prise en charge psychologique adaptée soit mise en place le plus tôt possible, avant que la désocialisation n’ait des conséquences trop importantes.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

– Un site dédié aux familles de jeunes présentant le syndrome Hikikomori: des jeunes qui « se retirent » du monde et restent dans leur chambre des années. HIKIKOMORI. Consulté le 19 juin 2020.
– HIKIKOMORI : JEUNES EN RETRAIT SOCIAL. AFPSSU. Consulté le 19 juin 2020.
– Hikikomori n’est peut-être pas ce qu’on voudrait qu’il soit. REVMED. Consulté le 19 juin 2020.