D’après les données publiées par la MILDECA, à 17 ans, seulement 11,7 % des jeunes français n’ont jamais expérimenté l’alcool, le tabac ou le cannabis. Parallèlement, environ 8 % des adolescents sont touchés par la dépression. Comment protéger au mieux les jeunes des troubles anxio-dépressifs et des troubles addictifs ? Une récente étude australienne suggère une prévention adaptée en milieu scolaire. Explications.
Adolescence, troubles anxio-dépressifs et addictions
Les adolescents représentent une catégorie de population particulièrement exposée à plusieurs problèmes de santé majeurs :
Ces troubles peuvent débuter à l’adolescence, parfois simultanément chez certains jeunes. Ils entraînent des conséquences importantes :
- Sur le parcours scolaire puis étudiant ;
- Sur l’entrée dans la vie active ;
- Sur la vie personnelle et affective.
Prévenir et prendre en charge ces troubles constitue ainsi un enjeu majeur de santé publique.
Cibler simultanément les troubles pour mieux les prévenir
La prévention précoce de ces différents troubles joue un rôle essentiel. Jusqu’ici, les programmes de prévention développés en milieu scolaire n’avaient montré qu’une efficacité limitée, mais tous ne ciblaient qu’un trouble isolément des autres. En se basant sur l’idée que ces différents troubles peuvent être associés entre eux, des chercheurs australiens ont testé une intervention combinée ciblant simultanément :
- L’abus de substances(alcool, cannabis) ;
- La dépression et l’anxiété.
Cette étude, multicentrique, contrôlée et randomisée, a été menée dans 71 collèges auprès de 6 386 élèves, âgés de 13 à 14 ans. L’intervention ciblée était comparée à une intervention standard d’éducation à la santé. Les interventions s’effectuaient sur une période de deux ans, en classe grâce à internet. Parallèlement, les enseignants organisaient des activités autour des troubles anxio-dépressifs et addictifs.
La prévention scolaire, un outil efficace chez les jeunes
Les résultats ont montré une amélioration significative des connaissances des adolescents sur l’alcool et le cannabis à 30 mois, mais aussi sur les troubles mentaux (abus de substances, anxiété et dépression) à 24 mois. Parallèlement, dans le groupe qui bénéficiait de l’intervention combinée, le risque de consommation d’alcool et d’abus d’alcool augmentait moins fortement que dans le groupe contrôle, et ce tout au long de la période de l’étude. Enfin, l’augmentation des signes d’anxiété était moins forte chez les adolescents ayant bénéficié de l’intervention combinée, à 12 et 30 mois.
Des interventions ciblées simultanément sur les troubles addictifs et les troubles anxio-dépressifs en milieu scolaire semblent une approche intéressante pour sensibiliser les adolescents à ces problèmes de santé et réduire en parallèle les addictions et l’anxiété – dépression chez les jeunes.
Estelle B., Docteur en Pharmacie