Face aux dérèglements climatiques toujours plus intenses et fréquents agitant notre planète, certaines personnes peuvent ressentir un mal-être appelé « éco-anxiété ». Loin d’être anodin, cet état de souffrance peut conduire à l’apparition de diverses pathologies s’il ne fait pas l’objet d’une prise en charge adaptée. D’où l’importance de poser un diagnostic le plus précocement possible. On fait le point.
L’éco-anxiété : une souffrance en lien avec la planète
Les dérèglements climatiques toujours plus intenses et fréquents que nous connaissons aujourd’hui peuvent être à l’origine d’une souffrance de la population appelée « éco-anxiété ». Elle se définit comme « un état de malaise psychologique de degré variable, caractérisé par l’appréhension d’une menace plus ou moins éloignée dans le futur et significativement associée à la catastrophe écologique. Cette dernière est perçue comme incertaine, difficilement prévisible et peu contrôlable ». A l’heure actuelle, on estime que deux millions et demi de Français souffriraient d’éco-anxiété.
L’éco-anxiété se manifeste par un dérèglement émotionnel avec une souffrance oscillant entre la peur, l’angoisse, la détresse, le découragement, la culpabilité et la honte, la frustration et l’impuissance, les ressentiments, voire la colère. Ce dérèglement émotionnel va par la suite progressivement laisser apparaître des symptômes comme une inquiétude obsédante, des troubles du sommeil et de la concentration voire des préoccupations alimentaires. L’éco-anxiété s’apparenterait ainsi à une forme de stress « pré-traumatique ».
L’éco-anxiété : un mal-être à ne pas négliger
Bien que les émotions générées par les changements climatiques soient légitimes, elles ne sont pas sans risque dans le cas où elles perdurent. Elles peuvent en effet s’intensifier et se compliquer de psychopathologies comme des troubles anxieux ou une dépression réactionnelle.
D’où l’importance de poser un diagnostic le plus précocement possible. Pour cela, il existe des échelles et des questionnaires élaborés à partir d’études psychométriques et permettant d’évaluer spécifiquement l’intensité de la souffrance du patient.
À savoir ! Une plateforme internet intitulée « Maison des éco-anxieux » propose d’évaluer gratuitement l’intensité de son éco-anxiété au moyen d’un questionnaire élaboré avec des psychologues. En fonction du score obtenu, la personne souffrant d’éco-anxiété peut se voir proposer de consulter un thérapeute pour approfondir les investigations.
Repérer l’éco-anxiété pour prévenir la survenue de troubles psychologiques
Loin d’être anodine, l’éco-anxiété doit être prise en charge de manière adaptée. Pour cela, il conviendra de prêter une oreille attentive au patient et de légitimer son ressenti pour ensuite l’aider à comprendre et à accepter ses émotions.
Dans le cas où les émotions liées aux changements climatiques sont responsables d’une trop grande souffrance et que le patient se sent découragé, paralysé, profondément anxieux ou dépressif, une prise en charge spécialisée devra alors être proposée (déconnexion, psychothérapie et éventuellement traitement médicamenteux). A ce titre, les techniques de relaxation, de respiration, de gestion du stress, de méditation pleine conscience, voire une activité physique régulière, ont démontré leur efficacité dans la prise en charge de l’éco-anxiété.
À savoir ! Des psychologues, des psychothérapeutes et des médecins se sont regroupés en association et proposent dans un premier temps un annuaire de spécialistes pouvant être consultés sur le sujet.
La prise en charge de la personne souffrant d’éco-anxiété pourra s’effectuer de manière individuelle ou collective. Dans ce second cas, des groupes de parole aideront le patient à transformer sa souffrance et ses émotions négatives en une force motrice positive l’incitant à agir et à se rendre utile. Un challenge d’autant plus crucial qu’au vu de la multiplication et de l’intensification des dérèglements climatiques, l’éco-anxiété pourrait rapidement devenir un problème de santé publique majeur !
Déborah L., Dr en Pharmacie