Un nouveau mécanisme à l’origine du stress post-traumatique

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Rédigé par L'équipe Santé sur le Net et publié le 5 janvier 2016

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Vivre un second événement traumatique aurait un rôle majeur dans l’installation d’un stress post-traumatique. C’est ce que détaille une nouvelle étude publiée dans le Journal of Neuroscience.

L’état de stress post-traumatique peut apparaître chez une personne ayant vécu, ayant été témoin, ou ayant appris qu’une personne de son entourage a été exposée à un événement grave : vol, accident de la route, agression physique et/ou sexuelle, attaque terroriste. Les symptômes du stress post-traumatique sont caractérisés par des flashbacks, des cauchemars, des troubles anxieux, des situations d’évitements…

L’apparition d’un syndrome post-traumatique dépend des ressources psychologiques du sujet, on estime qu’entre 10 et 20% des personnes ayant vécu un événement traumatique développeront un état de stress post-traumatique. Pourquoi certaines personnes développent-elles un syndrome post-traumatique et pas d’autres ? Pour les chercheurs, la réponse se situe du côté des antécédents de chocs psycho-traumatiques vécus par le sujet.

Les niveaux de stress perçus conditionnent l’apprentissage

Pour comprendre comment une succession d’événements traumatiques influenceraient la mise en place d’un état de stress post-traumatique, les chercheurs ont pris comme modèle des rats qu’ils ont placé dans une large cage, dont un côté était éclairé et l’autre sombre. Les rats explorant le côté sombre de la cage étaient soumis à un choc plus ou moins fort sur la patte, puis étaient retirés du lieu. Placés de nouveau dans ce même dispositif, les rats ayant subi un faible choc, avaient gardé en mémoire le choc, et ne retournaient plus du côté sombre, tandis que les rats ayant reçu un choc fort ne se souvenaient pas de l’événement traumatisant et retournaient à nouveau du côté sombre.
Les chercheurs ont comparé ce résultat à celui déjà décrit chez l’Homme, chez lequel un faible stress permet d’augmenter les capacités cognitives, tandis qu’un stress trop fort inhibe les capacités d’apprentissage.

Un second trauma augmente le risque de développer un stress post-traumatique

Les chercheurs se sont alors intéressés à la réaction des rats ayant subi un choc élevé : Pourquoi retournent-ils du côté de la cage où ils ont reçu le choc ? La mémoire du choc a-t-elle été inhibée a posteriori ? Ou n’ont-ils jamais imprimé le souvenir du choc dans leur mémoire ?

Pour répondre à leur question, les chercheurs ont exposé les rats ayant reçu un choc élevé à un deuxième choc. Le deuxième choc était donné soit du côté sombre de la cage, soit de manière aléatoire dans la cage. A la suite de ce deuxième trauma, les rats ayant reçu un choc de manière aléatoire étaient beaucoup plus affectés que les autres rats, et présentés notamment un niveau d’anxiété, et de peur, élevé et durable, caractérisé notamment par une absence d’exploration de tout nouveau lieu dans lequel les rats étaient placés.

Les chercheurs proposent donc un mécanisme par lequel l’exposition à une première expérience traumatique s’inscrirait dans la mémoire, sans provoquer de réaction comportementale pathologique, puis un second, voire plusieurs traumas viendraient réveiller cette mémoire traumatique, et pourraient alors déclencher un état de stress post-traumatique.


Source :

From Memory Impairment to Posttraumatic Stress Disorder-Like Phenotypes: The Critical Role of an Unpredictable Second Traumatic Experience. Finsterwald C, Steinmetz AB, Travaglia A, Alberini CM. J Neuroscience. 2015 Dec 2;35(48):15903-15.